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LES FILLES DU FEU

encore, avec un bas-relief représentant des Druides qui coupent le gui :

Tels furent nos aïeux dans leurs bois solitaires !

Ces vers ronflants me semblent être de Roucher… Delille les aurait faits moins solides.

M. René de Girardin faisait aussi des vers. C’était en outre un homme de bien. Je pense qu’on lui doit les vers suivants, sculptés sur une fontaine d’un endroit voisin, que surmontent un Neptune et une Amphytrite, légèrement décolletée comme les anges et les saints de Châalis :

 Des bords fleuris où j’aimais à répandre
Le plus pur cristal de mes eaux,
Passant, je viens ici me rendre
Aux désirs, aux besoins de l’homme et des troupeaux.
En puisant les trésors de mon urne féconde,
Songe que tu les dois à des soins bienfaisants,
Puissé-je n’abreuver du tribut de mes ondes
Que des mortels paisibles et contents !


Je ne m’arrête pas à la forme des vers ; — c’est la pensée d’un honnête homme que j’admire. L’influence de son séjour est profondément sentie dans le pays. — Là, ce sont des salles de danse, — où l’on remarque encore le banc des vieillards ; là, des tirs à l’arc, avec la tribune d’où l’on distribuait des prix… Au bord des eaux, des temples ronds, à colonnes de marbre, consacrés soit à Vénus génitrice, soit à Hermès consolateur. — Toute cette mythologie avait alors un sens philosophique et profond.