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Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/189

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n’est plus qu’un mari vulgaire, il passe tout son temps à pêcher au bord de son lac, si bien qu’un jour sa fière épouse vient doucement derrière lui et le pousse résolument dans l’eau noire, en lui criant :

Va-t’en, vilain pêche-poissons, — Quand ils seront bons — Nous en mangerons.

Propos mystérieux, digne d’Arcabonne ou de Mélusine. — En expirant, le pauvre châtelain a la force de détacher ses clefs de sa ceinture et de les jeter à la fille du roi, en lui disant qu’elle est désormais maîtresse et souveraine, et qu’il se trouve heureux de mourir par sa volonté !… Il y a dans cette conclusion bizarre quelque chose qui frappe involontairement l’esprit, et qui laisse douter si le poète a voulu finir par un trait de satire, ou si cette belle morte que Lautrec a tirée du linceul n’était pas une sorte de vampire, comme les légendes nous en présentent souvent.

Du reste, les variantes et les interpolations sont fréquentes dans ces chansons ; chaque province possédait une version différente. On a recueilli comme une légende du Bourbonnais, la jeune fille de la Garde, qui commence ainsi :

Au château de la Garde — Il y a trois belles filles, — Il y en a une plus belle que le jour, — Hâte-toi, capitaine, — Le duc va l’épouser.

C’est celle que nous avons citée (p. 49), qui commence ainsi :

Dessous le rosier blanc — La belle se promène…