Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/263

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FABIO. Et je n’ai reçu de vous aucune réponse…

LA DAME. Tiendriez-vous plus à mon écriture qu’à mes paroles ?

FABIO. Votre bouche ou votre main m’en voudrait si j’osais choisir.

LA DAME. Que l’une soit le garant de l’autre : vos lettres m’ont touchée, et je consens à l’entrevue que vous me demandez. Vous savez pourquoi je ne puis vous recevoir chez moi ?

FABIO. On me l’a dit.

LA DAME. Je suis très-entourée, très-gênée dans toutes mes démarches. Ce soir, à cinq heures de la nuit, attendez-moi au rond-point de la Villa-Reale, j’y viendrai sous un déguisement, et nous pourrons avoir quelques instants d’entretien.

FABIO. J’y serai.

LA DAME. Maintenant, quittez mon bras et ne me suivez pas, je me rends au théâtre. Ne paraissez pas dans la salle ce soir… Soyez discret et confiant. (Elle sort.)

FABIO, seul. C’était bien elle ! … En me quittant, elle s’est toute révélée dans un mouvement, comme la Vénus de Virgile. J’avais à peine reconnu son visage, et pourtant l’éclair de