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Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/264

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ses yeux me traversait le cœur, de même qu’au théâtre, lorsque son regard vient croiser le mien dans la foule. Sa voix ne perd pas de son charme en prononçant de simples paroles ; et, cependant, je croyais jusqu’ici qu’elle ne devait avoir que le chant, comme les oiseaux ! Mais ce qu’elle m’a dit vaut tous les vers de Métastase, et ce timbre si pur, et cet accent si doux, n’empruntent rien pour séduire aux mélodies de Paesiello ou de Cimarosa ! Ah ! toutes ces héroïnes que j’adorais en elle, Sophonisbe, Alcime, Herminie, et même cette blonde Molinara, qu’elle joue à ravir avec des habits moins splendides, je les voyais toutes enfermées à la fois sous cette mantille coquette, sous cette coiffe de satin… Encore Mazetto !

FABIO, MAZETTO.
Mazetto.

Eh bien ! seigneur, suis-je un fourbe, un homme sans parole, un homme sans honneur ?

Fabio.

Tu es le plus vertueux des mortels ! Mais, tiens, prends cette bourse et laisse-moi seul.

Mazetto.

Vous avez l’air contrarié.

Fabio.

C’est que le bonheur me rend triste ; il me force à penser au malheur qui le suit toujours de près.

Mazetto.

Peut-être avez-vous besoin de votre argent pour jouer