Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/276

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belle image que je portais pure et sainte au fond de mon coeur. Hélas ! content de vous aimer de loin, de vous écrire… j’avais peu d’espérance, et je demandais moins que vous ne m’avez promis !

CORILLA. Vous m’avez écrit ? à moi !…

MARCELLI. Eh ! qu’importe ? ce n’est pas ici le lieu d’une telle explication…

CORILLA. Et que vous ai-je promis, monsieur ?… je ne vous connais pas et ne vous ai jamais parlé.

MARCELLI. Bon ! quand vous lui auriez dit quelques paroles en l’air, le grand mal ! Pensez-vous que mon amour s’en inquiète ?

CORILLA. Mais quelle idée avez-vous aussi, seigneur ? Puisque les choses sont allées si loin, je veux que tout s’explique à l’instant. Ce cavalier croit avoir à se plaindre de moi : qu’il parle et qu’il se nomme avant tout ; car j’ignore ce qu’il est et ce qu’il veut.

FABIO. Rassurez-vous, madame ! j’ai honte d’avoir fait cet éclat et d’avoir cédé à un premier mouvement de surprise. Vous m’accusez d’imposture, et votre belle bouche ne peut mentir. Vous l’avez dit, je suis fou, j’ai rêvé. Ici même, il y a une heure, quelque chose comme votre fantôme passait, m’adressait de douces paroles et promettait de revenir… Il y avait de la magie, sans doute, et cependant tous les détails restent présents à ma pensée. J’étais