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Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/283

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sans dire une parole, riant seulement, sans doute, de ma maladresse et de ma simplicité !… Oh ! tu peux te retirer, va, pauvre diable si inventif, je ne maudis plus ma mauvaise étoile, et je vais rêver le long de la mer à mon infortune, car je n’ai plus même l’énergie d’être furieux.

Mazetto.

Seigneur, vous feriez bien d’aller rêver du côté de la Villa-Reale. La bouquetière vous attend peut-être encore…

FABIO, seul.

En vérité, j’aurais été curieux de rencontrer cette créature et de la traiter comme elle le mérite. Quelle femme est-ce donc que celle qui se prête à une telle manœuvre ? Est-ce une niaise enfant à qui l’on a fait la leçon, ou quelque effrontée qu’on n’a eu que la peine de payer et de mettre en campagne ? Mais il faut l’âme d’un plat valet pour m’avoir jugé digne de donner dans ce piège un instant. Et pourtant elle ressemble à celle que j’aime… et moi-même, quand je la rencontrai voilée, je crus reconnaître et sa démarche et le son si pur de sa voix… Allons, il est bientôt six heures de nuit, les derniers promeneurs s’éloignent vers Sainte-Lucie et vers Chiaia, et les terrasses des maisons se garnissent de monde… À l’heure qu’il est, Marcelli soupe gaiement avec sa conquête facile. Les femmes n’ont d’amour que pour ces débauchés sans cœur.

FABIO, UNE BOUQUETIÈRE.
Fabio.

Que me veux-tu, petite ?