Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/318

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tant de secousses. Desroches logeait au presbytère et lisait toute la journée des livres de piété que je lui prêtais. Un jour il alla seul au fort, y resta quelques heures, et, en revenant, il me montra une feuille de papier où son nom était inscrit ; c’était une commission de capitaine dans un régiment qui partait pour rejoindre la division Partouneaux.

Nous reçûmes au bout d’un mois la nouvelle de sa mort glorieuse autant que singulière. Quoi qu’on puisse dire de l’espèce de frénésie qui le jeta dans la mêlée, on sent que son exemple fut un grand encouragement pour tout le bataillon qui avait perdu beaucoup de monde à la première charge…

Tout le monde se tut après ce récit, chacun gardait la pensée étrange qu’excitaient une telle vie et une telle mort. L’abbé reprit en se levant : Si vous voulez, messieurs, que nous changions ce soir la direction habituelle de nos promenades, nous suivrons cette allée de peupliers jaunis par le soleil couchant, et je vous conduirai jusqu’à la Butte-aux-Lierres, d’où nous pourrons apercevoir la croix du couvent où s’est retirée madame Desroches.