Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
ANGÉLIQUE

tant… Ils se portèrent d’abord quelques coups d’épée sans beaucoup s’approcher. La dame Le Pileur se jeta entre son mari et son père ; les assistants s’en mêlèrent et l’on parvint à les pousser chacun dans une chambre différente, que l’on ferma à clef.

Un moment après l’on entendit s’ouvrir une fenêtre ; c’était Le Pileur qui criait à ses gens restés dans la cour « d’aller quérir ses deux neveux. »

Les hommes de loi commençaient un procès-verbal sur le désordre survenu, quand les deux neveux entrèrent le sabre à la main. — C’étaient deux officiers de la maison du roi ; ils repoussèrent les valets, et présentèrent la pointe aux procureurs et au notaire, demandant où était Basse-Maison.

On refusait de leur dire, quand Le Pileur cria de sa chambre : « À moi, mes neveux ! »

Les neveux avaient déjà enfoncé la porte de la chambre de gauche, et accablaient de coups de plat de sabre l’infortuné Binet de Basse-Maison, lequel était, selon le rapport, « hasthmatique. »

Le notaire, qui s’appelait Dionis, crut alors que la colère de Le Pileur serait satisfaite et qu’il arrêterait ses neveux ; — il ouvrit donc la porte et lui fit ses remontrances. À peine dehors, Le Pileur s’écria : « On va voir beau jeu ! » En arrivant derrière ses neveux, qui battaient toujours Basse-Maison, il lui porta un coup d’épée dans le ventre.

La pièce qui relate ces faits est suivie d’une autre plus détaillée, avec les dépositions de treize témoins, — dont les plus considérables étaient les deux procureurs et le notaire.