Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
38
LES FILLES DU FEU

pays-là même… (J’ai été bercé avec cette chanson.)

 
On lui a demandé :
Où est votre congé ?
— Le congé que j’ai pris,
Il est sous mes souliers !

La réponse est jolie. Mais le refrain est terrible :

Spiritus sanctus,
Quoniam bonus !

Ce qui indique suffisamment que le soldat n’a pas bien fini… Notre affaire a eu un dénoûment moins grave. Aussi, avions-nous répondu très-honnêtement qu’on ne prenait pas d’ordinaire de passeport pour visiter la grande banlieue de Paris. Le brigadier avait salué sans faire d’observation.

Nous avions parlé à l’hôtel d’un dessein vague d’aller à Ermenonville. Puis, le temps étant devenu mauvais, l’idée a changé, et nous sommes allés retenir nos places à la voiture de Chantilly, qui nous rapprochait de Paris.

Au moment de partir, nous voyons arriver un commissaire orné de deux gendarmes qui nous dit : « Vos papiers ? »

Nous répétons ce que nous avions dit déjà.

— Hé bien ! messieurs, dit ce fonctionnaire, vous êtes en état d’arrestation.

Mon ami le Breton fronçait le sourcil, ce qui aggravait notre situation.

Je lui ai dit : Calme-toi. Je suis presque un diplomate… J’ai vu de près, — à l’étranger, — des rois, des pachas