Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
55
ANGÉLIQUE

« Il faut commencer à t’habiller, et puis nous regarderons comme nous ferons. »

Je commençai donc à mettre les chausses, et les bottes et éperons lesquels il m’aidait à mettre. Sur cela le palefrenier vint à la porte de la salle avec le cheval ; moi, tout éperdue, je me mis vitement ma cotte de ratine pour couvrir mes habits d’homme que j’avais jusques à la ceinture, et m’en vins prendre le cheval des mains de Breteau, et le menai hors de la première porte du château, à un ormeau sous lequel dansaient aux fêtes les filles du village, et m’en retournai à la salle, où je trouvai mon cousin qui m’attendait avec grande impatience (tel était le nom que je le devais appeler pour le voyage), lequel me dit : « Allons donc voir si nous pourrons avoir quelque chose, ou, sinon, nous ne laisserons de nous en aller avec rien. » — À ces paroles je m’en allai dans la cuisine, qui était près de la dépense, et, ayant découvert le feu pour voir clair, j’aperçus une grande pelle à feu, de fer, laquelle je pris, et puis lui dis :

« Allons à la dépense », et étant proche du coffre, nous mîmes la main au couvercle, lequel ne serrait tout près. Alors je lui dis : « Mets un peu la pelle entre le couvercle et ce coffre. » Alors, haussant tous deux les bras, nous n’y fîmes rien ; mais la seconde fois, les deux ressorts de serrure se rompirent, et soudain je mis la main dedans. »


Elle trouva une pile de plats d’argent qu’elle donna à La Corbinière, et, comme elle voulait en prendre d’autres, il lui dit : « N’en tirez plus dehors, car le sac de moquette est plein. »

Elle en voulait prendre davantage, comme bassins,