ler encore les rayons de sa face apollonienne sous l’aile rabattue de son feutre gris.
Après avoir passé la porte Saint-Victor, et côtoyé la rivière de Bièvre, en traversant les cultures verdoyantes qui s’étalaient longtemps encore à droite et à gauche, avant d’arriver aux abords de l’île de la Cité, Spifame confia à son favori qu’il n’eût pas entrepris certes une expédition aussi pénible, et ne se fût pas soumis par prudence à un si honteux incognito, s’il ne s’agissait pour lui d’un intérêt beaucoup plus grave que celui de sa liberté et de sa puissance. Le malheureux était jaloux ! jaloux de qui ? de la duchesse de Valentinois, de Diane de Poitiers, sa belle maîtresse, qu’il n’avait pas vue depuis plusieurs jours, et qui peut-être courait mille aventures loin de son chevalier royal. « Patience, dit Claude Vignet, j’aiguise en ma pensée des épigrammes martialesques qui puniront cette conduite légère. Mais votre père François le disait bien : Souvent femme varie !… » En discourant ainsi, ils avaient pénétré déjà dans les rues populeuses de la rive droite, et se trouvèrent bientôt sur une assez grande place, située au voisinage de l’église des SS. Innocents, et déjà couverte de monde, car c’était un jour de marché.
En remarquant l’agitation qui se produisait sur la place, Spifame ne put cacher sa satisfaction. « Ami, dit-il au poète, tout occupé de ses chaussures qui le quittaient en route, vois comme ces bourgeois et ces chevaliers s’émeuvent déjà, comme ces visages sont enflammés d’ire, comme il vole dans la région moyenne du ciel des germes de mécontentement et de sédition ! Tiens, vois celui-ci avec sa pertuisane… Oh ! les malheureux, qui vont émouvoir des guerres civiles ! Cependant pourrai-je commander à mes arquebusiers de ménager tous ces hommes innocents aujourd’hui, parce qu’ils secondent mes projets,