Page:Nerval - Les Illuminés, 1852.djvu/264

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Lyon, cet illustre théosophe disait : « Dans l’école où j’ai passé il y a vingt-cinq ans, les communications de tout genre étaient fréquentes ; j’en ai eu ma part comme beaucoup d’autres. Les manifestations du signe du Réparateur y étaient visibles : j’y avais été préparé par des initiations. Mais, ajoute-t-il, le danger de ces initiations est de livrer l’homme à des esprits violents ; et je ne puis répondre que les formes qui se communiquaient à moi ne fussent pas des formes d’emprunt. »

Le danger que redoutait Saint-Martin fut précisément celui où se livra Cazotte, et qui causa peut-être les plus grand malheurs de sa vie. Longtemps encore ses croyances furent douces et tolérantes, ses visions riantes et claires ; ce fut dans ces quelques années qu’il composa de nouveaux contes arabes qui, longtemps confondus avec les Mille et une Nuits, dont ils formaient la suite, n’ont pas valu à leur auteur toute la gloire qu’il en devait retirer. Les principaux sont la Dame inconnue, le Chevalier, l’Ingrat puni, le Pouvoir du Destin, Simoustapha, le Calife voleur, qui a fourni le sujet du Calife de Bagdad, l’Amant des étoiles et le Magicien ou Maugraby, ouvrage plein de charme descriptif et d’intérêt.

Ce qui domine dans ces compositions, c’est la grâce et l’esprit des détails ; quant à la richesse de l’invention, elle ne le cède pas aux contes orientaux eux-mêmes, ce qui s’explique en partie d’ailleurs par le fait que plusieurs sujets originaux avaient été communiqués à l’auteur par un moine arabe nommé dom Chavis.

La théorie des esprits élémentaires, si chère à toute imagination mystique, s’applique également, comme on sait, aux croyances de l’Orient, et les pâles fantômes, perçus dans les brumes du Nord au prix de l’hallucination