Page:Nerval - Les Illuminés, 1852.djvu/328

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détaché de l’arbre mystique, à la robe immaculée de cette Vierge mère, — expression suprême de l’alliance antique du ciel et de la terre, — dernier baiser de l’esprit divin qui pleure et qui s’envole !

Il y a plus d’un demi-siècle déjà que cette situation fut faite aux hommes de haute intelligence et se trouva diversement résolue. Ceux de nos pères qui s’étaient dévoués avec sincérité et courage à l’émancipation de la pensée humaine se virent contraints peut-être à confondre la religion elle-même avec les institutions dont elle parait les ruines. On mit la hache au tronc de l’arbre, et le cœur pourri comme l’écorce vivace, comme les branchages touffus, refuge des oiseaux et des abeilles, comme la lambrunche obstinée, qui le couvrait de ses lianes, furent tranchés en même temps, — et le tout fut jeté aux ténèbres comme le figuier inutile ; mais l’objet détruit, il reste la place, encore sacrée pour beaucoup d’hommes. C’est ce qu’avait compris jadis l’Église victorieuse, quand elle bâtissait ses basiliques et ses chapelles sur l’emplacement même des temples abolis.

II.

LA FÊTE DE L’ÊTRE SUPRÊME.

Ces questions préoccupaient beaucoup, au moment le plus ardent de la révolution française, le citoyen Quintus Aucler. — Ce n’était pas une âme à se contenter du mysticisme allégorique inventé par Chaumette, Hérault de Séchelles et Larevellière-Lépeaux. La montagne élevée dans la nef de Notre-Dame, où était venue trôner la belle