Page:Nerval - Les Illuminés, 1852.djvu/334

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bien mieux pouvoir pratiquer la vertu sans souffrir la persécution.

» Ils ont ajouté encore : vous serez heureux, lorsqu’on vous persécutera, lorsqu’on vous maudira, lorsqu’on inventera des calomnies contre vous : il n’y a qu’un fou qui puisse se réjouir et se trouver heureux qu’on le persécute, qu’on le maudisse, qu’on invente contre lui des calomnies ; mais les chefs du christianisme avaient besoin de pareils hommes.

» Jésus avait dit, que l’homme de bien essuierait des contradictions, mais que celui qui persévérerait jusqu’à la fin serait sauvé : cela est vrai ; avec la persévérance on vient à bout de tout, même de monter jusqu’au sommet du roc escarpé où est le temple de la vertu. Ils lui ont fait dire qu’il était venu mettre le feu sur la terre, diviser le père d’avec le fils, la fille d’avec la mère, la bru d’avec la belle-mère, les frères d’avec les frères ; qu’il était venu apporter le glaive et la guerre sur la terre et non la paix ; qu’où cinq personnes seraient dans une maison, trois seraient divisées contre deux, deux contre trois ; que les pères livreraient à la mort leurs enfants, que les enfants y livreraient leurs pères ; mais il leur fallait de pareils hommes. Ô fourberie ! ô imposture ! ô fanatisme abominable qui a fait le malheur du monde !

» Quant au précepte de ne point résister au mal, de tendre la joue gauche pour recevoir un soufflet, quand on en a reçu un sur la droite, c’est un précepte fou, furieux, insensé, injuste, qui met le faible à la merci du violent et de l’injuste, qui soumet les bons à une servitude basse et indigne devant un brigand audacieux. C’est pervertir toutes les idées de morale et de justice. »

Ici arrive la partie dogmatique succédant à cette démolition passionnée du catholicisme :