Page:Nerval - Les Illuminés, 1852.djvu/335

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« Je vais maintenant vous parler de la religion qui ne peut être autre ; j’entreprends une grande tâche. Comment me ferai-je entendre ? Cette religion est toute sublime, bien différente de la religion des Juifs ; elle est toute aux cieux, et vous n’avez que des idées terrestres. Élevez donc vos esprits et vos cœurs ; prenez des idées spirituelles, et défaites-vous des préjugés de l’éducation et de l’enfance, dans lesquels, qui que vous soyez, vous êtes enveloppés, je dis même les plus grands philosophes de nos jours.

» La première leçon qui doit vous être donnée en ce genre, est de vous demander qui vous êtes ; et quand vous voyez que tout a un but, si vous pensez que c’est sans but que vous êtes venus sur la terre ? Le soleil est fait pour la lune, il darde sur elle ses rayons, stimule par eux ce qu’il y a en elle de lumineux, et ainsi elle nous éclaire : la lune est faite pour le soleil, elle ouvre son sein pour recevoir ses rayons et ses influences qu’elle nous verse : tous les astres sont faits les uns pour les autres, tous reçoivent les uns des autres, et dans une contrariété de mouvements, formant une harmonie universelle, ils entretiennent partout le mouvement et la vie. Quand tout a un but dans la nature, n’est-il pas insensé de penser que le séjour de l’homme sur la terre est sans but ?

» Puisque le mal n’est pas l’ouvrage du principe, qu’ainsi il n’est inhérent à aucun être, et puisque nous sentons l’ardeur du bien, toute notre tâche sur la terre doit être notre régénération, et si le mal nous a éloignés du principe qui ne peut l’admettre en lui, tout notre but doit être, par cette régénération, notre réunion à notre principe : telle est toute la tâche religieuse que nous avons à remplir sur la terre. J’ai dit plus haut comment les bêtes,