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Page:Nerval - Les Illuminés, 1852.djvu/337

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est donc la première vertu qui puisse nous régénérer ; mais il faut savoir à qui l’adresser ; il faut connaître les êtres à qui il faut l’adresser.

» De quelle langue pourrai-je me servir maintenant ; comment pourrai-je me faire entendre ; quels arguments assez convaincants pourrai-je employer pour détruire l’effet des idées terrestres et des préjugés dans lesquels vous ont enveloppés vos religions particulières qui sont sorties de ces documents universels des Dieux ou de cette conception naturelle ? Et, encore de ces ineffables mystères, je ne dois vous produire qu’une partie de ce que je sais et de ce que je conçois. Ouvrez les yeux de vos cœurs ; aplanissez votre entendement ; qu’il soit comme une surface unie qui reçoive et qui conserve les formes de ce que je vais vous dire. Imposez silence un moment à la voix des préjugés de votre enfance et de vos religions, et songez qu’il n’y a rien de vrai que ce qui est général, et qu’il n’y a point de vérité dans le particulier : que la divinité qui a voulu, sans doute, que les hommes se régénérassent, se réunissent à elle, n’a pu donner à tous les hommes que les mêmes moyens de cette régénération.

» Puisque tous les êtres que nous connaissons ne font pas leur sort eux-mêmes, il faut bien qu’il y ait un être unique, universel, qui tienne les sorts de tous les êtres en ses mains, et qui en soit le principe. Cet être je ne dirai pas a produit d’abord, mais produit éternellement des êtres dans lesquels il puisse verser toutes ses productions ou plutôt les idées de ses productions. Cet être est la Prothirée des hymnes d’Orphée : ô Vénérable Mère et réceptacle de toutes les idées des choses, qui tiens sous ta protection tous les êtres qui enfantent, parce que tu as la première enfanté ; grande Déesse ; mère ineffable ; épouse du grand dieu, qui, par analogie, s’il peut y en avoir, soulages les