Page:Nerval - Les Illuminés, 1852.djvu/336

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n’ayant pas admis le mal, ressentent les effets du mal. Il y a d’autres êtres qui ressentent les effets du mal ; mais, pour que je pusse vous en parler, il faudrait que je pusse parler la langue des dieux que je ne sais point parler, et que vous sauriez moins entendre.

» Cherchons donc les moyens de cette régénération ; ils sont universels et les mêmes dans toutes les nations. Le consentement unanime de toutes les nations a été pour les plus grands philosophes de l’antiquité une preuve certaine de vérité ; en effet, une idée générale de tous les hommes ne peut être une erreur, ou leur principe les aurait faits pour l’erreur, ce qui ne peut se supposer ; d’où il suit que les moyens de cette régénération étant universels et les mêmes dans toutes les nations, ou ont été enseignés à toutes les nations par la divinité, ou sont une production naturelle de l’esprit humain, et dans l’un ou l’autre cas astreignent tous les hommes à les employer, et qu’un particulier qui décline de cette instruction universelle, ou de cette conception naturelle, se crée une solitude et se creuse un précipice et un gouffre de perdition.

» Ce n’est point par l’esprit que nous avons admis le mal ; l’esprit ne se trompe point sur la nature du mal même dans ses plus grands écarts, et quand il tâche à se prouver que le mal n’est point mal, afin de pouvoir s’y livrer ; mais c’est par le cœur : ainsi le premier moyen de cette régénération doit être une vertu de cœur qui est la piété. Mon opinion est que les Dieux ont enseigné aux hommes ces moyens de régénération : mon malheureux siècle, qui ne peut choisir qu’entre cette opinion et celle que ces moyens de régénération sont une conception naturelle, choisira cette dernière opinion : il ne m’importe pour ce que j’ai à lui prouver et à lui proposer. La piété