Page:Nerval - Les Illuminés, 1852.djvu/356

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et même dans l’éducation comme dans les livres offerts à ces générations nouvelles, la mythologie ne tenait-elle pas plus de place que l’Évangile ? Quintus Aucler ne fait donc, dans sa pensée, que compléter et régulariser un mouvement irrésistible. Voilà seulement comment on peut s’expliquer une pensée qui semble aujourd’hui toucher à la folie, et qu’on ne peut saisir tout entière que dans les minutieuses déductions d’un livre qui impose le respect par l’honnêteté des intentions et par la sincérité des croyances ; c’est comme un dernier traité des apologies platoniciennes de Porphyre ou de Plotin égaré à travers les siècles, — et qui, à l’époque où il a reparu, ne put rencontrer un dernier père de l’Église pour lui répondre, du sein des ruines abandonnées de l’édifice chrétien.

Il ne faut pas croire, du reste, que la doctrine de Quintus Aucler fût la manifestation isolée d’un esprit exalté qui cherchait sa foi à travers les ténèbres. Ceux qu’on appelait alors les théosophes n’étaient pas éloignés d’une semblable formule. — Les Martinistes, les Philalètes, les Illuminés et beaucoup d’affiliés aux sociétés maçonniques professaient une philosophie analogue, dont les définitions et les pratiques ne variaient que par les noms. On peut donc considérer le néo-paganisme d’Aucler comme une des expressions de l’idée panthéiste, qui se développait d’autre part, grâce aux progrès des sciences naturelles. — Les vieux croyants de l’alchimie, de l’astrologie et des autres sciences occultes du moyen âge avaient laissé dans les sociétés d’alors de nombreux adeptes raffermis dans leurs croyances par les étonnantes nouveautés que Mesmer, Lavater, Saint-Germain, Cagliostro venaient d’annoncer au monde avec plus ou moins de sincérité. — Paracelse, Cardan, Bacon, Agrippa, ces