Page:Nerval - Les Illuminés, 1852.djvu/45

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Puis au besoin ils se battaient en fuyant et se rejetaient dans les bois. Voici encore ce que nous avons appris par d’autres récits du temps.

À l’époque où les protestants quittaient la France sans avoir le temps de mettre ordre à leurs affaires, des bijoux d’un grand prix avaient été déposés chez ce marchand, qui faisait un peu d’usure, et il avait prêté sur ces nantissements quelques sommes très inférieures à leur valeur. Depuis, des personnes envoyées par les réfugiés étaient venues réclamer leurs bijoux en payant ce qui était dû. L’orfèvre avait trouvé fort simple de s’acquitter en dénonçant les réclamants à la justice. De là le motif de l’expédition à laquelle concourait le capitaine Roland.

Les faux saulniers, qui avaient tenté de faire évader le comte abbé de Bucquoy, trouvèrent le chemin barré au-delà de l’Aisne. On en prit un grand nombre, qui furent pendus ou rompus vifs, selon leur rang. L’histoire ne parle plus du capitaine Roland, — et l’abbé de Bucquoy, plus fortement soupçonné que jamais, prit le chemin de la Bastille.

Lorsqu’on le descendit de sa chaise, il eut le temps de jeter un coup d’œil à droite et à gauche, « soit sur le pont-levis, soit sur la contrescarpe… mais on ne le laissa pas rêver longtemps à cela », car il fut bien vite conduit à la tour dite de la Bretignière.

V.

L’ENFER DES VIVANTS.

Il y avait huit tours à la Bastille, dont chacune avait son nom et se composait de six étages éclairés chacun