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La douairière de Bucquoy finit par demander pour son neveu un emploi honorable, soit dans les armées du roi, soit dans l’Église, lui-même étant disposé également à tout ce que l’ordre voudra de lui, « et trouvant tout bon, pourvu que ce soit le bien qu’il puisse remplir. »

La date est de 22 juillet 1709.

Ce placet n’obtint aucune réponse.


Lorsque l’on se trouve en Suisse, il est très facile de descendre le Rhin, soit par les bateaux ordinaires, soit par les trains de bois qui emportent souvent des villages entiers sur leurs planchers de sapin. Les branches du Rhin, canalisées, facilitent en outre l’accès des Pays-Bas.

Nous ne savons comment l’abbé de Bucquoy se rendit de Suisse en Hollande, mais il est certain qu’il parvint à s’y faire bien recevoir du grand pensionnaire Heinsius qui, comme philosophe, l’accueillit les bras ouverts.

L’abbé de Bucquoy avait tracé déjà tout un plan de république applicable à la France, qui donnait les moyens de supprimer la monarchie ! Il avait intitulé cela : « Anti-Machiavélisme, ou réflexions métaphysique sur l’autorité en général et sur le pouvoir arbitraire en particulier. »

« On peut dire, observait-il dans son Mémoire, que la république n’est qu’une réforme, par occasion, de l’abus que le temps amène dans l’administration du peuple. »

L’abbé de Bucquoy, par esprit de conciliation probablement, ajoute que la monarchie est de même parfois un remède violent contre les excès d’une république… « La Nature se rencontre dans ces deux gouvernements,