Page:Nerval - Les Illuminés, Lévy, 1868.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le trouvait juste[1]. » Lorsqu’on lui coupa les cheveux, il recommanda de les couper les plus près possible, et chargea son confesseur de les remettre à sa fille, encore consignée dans une des chambres de la prison.

Avant de marcher au supplice, il écrivit quelques mots à sa femme et à ses enfants ; puis, monté sur l’échafaud, il s’écria d’une voix très-haute :

— Je meurs comme j’ai vécu, fidèle à Dieu et à mon roi.

L’exécution eut lieu le 25 septembre, à sept heures du soir, sur la place du Carrousel.

Élisabeth Cazotte, fiancée depuis longtemps par son père au chevalier de Plas, officier au régiment de Poitou, épousa, huit ans après, ce jeune homme, qui avait suivi le parti de l’émigration. La destinée de cette héroïne ne devait pas être plus heureuse qu’auparavant : elle périt de l’opération césarienne en donnant le jour à un enfant et en s’écriant qu’on la coupât en morceaux s’il le fallait pour le sauver. L’enfant ne vécut que peu d’instants. Il reste encore cependant plusieurs personnes de la famille de Cazotte. Son fils Scévole, échappé comme par miracle au massacre du 10 août, existe à Paris, et conserve pieusement la tradition des croyances et des vertus paternelles.


  1. M. Scévole Cazotte nous écrit pour protester contre cette phrase, qui fait partie d’un récit du temps. Il affirme que son père n’a pu prononcer de telles paroles.