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CAGLIOSTRO


I

DU MYSTICISME RÉVOLUTIONNAIRE

Lorsque le catholicisme triompha décidément du paganisme dans toute l’Europe, et construisit dès lors l’édifice féodal qui subsista jusqu’au xve siècle — c’est-à-dire pendant l’espace de mille ans — il ne put comprimer et détruire partout l’esprit des coutumes anciennes, ni les idées philosophiques qui avaient transformé le principe païen à l’époque de la réaction polythéiste opérée par l’empereur Julien.

Ce n’était pas assez d’avoir renversé le dernier asile de la philosophie grecque et des croyances antérieures — en détruisant le Sérapéon d’Alexandrie, en dispersant et en persécutant les néoplatoniciens, qui avaient remplacé le culte extérieur des dieux par une doctrine spiritualiste dérivée des mystères d’Éleusis et des initiations égyptiennes, — il fallait encore que l’Église poursuivît sa victoire dans toutes les localités imprégnées des superstitions antiques ; et la persécution ne fut pas si puissante que le temps et l’oubli pour ce résultat difficile.

À ne nous occuper que de la France seulement, nous reconnaîtrons que le culte païen survécut longtemps aux conversions officielles opérées par le changement de religion des rois mérovingiens. Le respect des peuples pour certains endroits con-