Page:Nerval - Les Illuminés, Lévy, 1868.djvu/319

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De plus, il est certaines observations personnelles qui se rattachent à bien des idées et à bien des choses auxquelles tout le monde est intéressé plus ou moins, et d’où il est bon de faire sortir des observations utiles.

La polémique fait la puissance de la presse et détermine son utilité. Un journal dans lequel j’ai travaillé autrefois, lorsqu’il était sous la direction de M. Lepage, — le Corsaire, — me reproche aujourd’hui d’avoir changé de couleur. Je sais que, dans tous les journaux, ces variations apparentes tiennent surtout aux changements de propriétaires ou de directeurs, qui donnent à la feuille une marche quelconque, selon leurs convictions ou leurs intérêts. Pour un écrivain, le reproche est plus grave.

On argue quelquefois du changement de conviction : ce que les gens religieux et monarchiques admettent surtout volontiers, d’après le Nouveau Testament et d’après l’histoire ; mais celui qui écrit ces lignes se trouve, par hasard peut-être, dans une autre situation.

Il y a eu, dans les renseignements qu’a pu prendre le rédacteur du Corsaire, confusion entre deux noms. Je ne suis pas le même que M. Gérard qui faisait partie du bureau de l’esprit public, et qui, sans doute, écrivait d’après ses opinions personnelles. Étranger toujours aux luttes des partis, je dois même dire que j’ai connu cet homonyme, auquel mon nom a pu faire du tort dans son parti, comme le sien risquerait de m’en faire aujourd’hui, — si j’appartenais à un parti.

Je n’ai jamais reçu de mission d’aucun ministère. J’en aurais sollicité même ou accepté quelqu’une que je ne m’en sentirais pas embarrassé, — l’argent consacré à ces travaux souvent utiles, étant voté par les Chambres ou les Assemblées, et ne venant nullement des souverains.

Il est des gens qui crient très-haut qu’ils n’ont jamais voulu se vendre ; c’est peut-être qu’on ne se serait jamais soucié de les acheter.

Pour tout écrivain arrivé à cette notoriété que, même sans