raucourt, frère d’Angélique : lui arrachant son épée, il court la plonger dans la gorge de son rival, que l’on relève expirant. Le chirurgien n’arrive que pour dire à Saint-Georges :
— Criez merci à Dieu, car vous êtes mort.
Pendant ce temps, Fargue s’était enfui.
Tels étaient les tragiques préambules de la grande passion qui devait précipiter la pauvre Angélique dans une série de malheurs.
Je me suis interrompu dans la lecture de la vie d’Angélique de Longueval, cette belle aventurière, en m’apercevant qu’une foule de pièces et de renseignements y relatifs étaient indiqués comme existant dans les bibliothèques de Compiègne. Car Compiègne est le centre littéraire de la province où vivait cette ancienne famille, dont il serait certes curieux de recomposer le souvenir à la manière de Walter-Scott, — si l’on pouvait !
La vieille France provinciale est à peine connue, de ces côtés surtout, qui cependant font partie des environs de Paris. Au point où l’Île-de-France, le Valois et la Picardie se rencontrent, divisés par l’Oise et l’Aisne, au cours si lent et si paisible, il est permis de rêver les plus belles bergeries du monde.
La langue des paysans eux-mêmes est du plus pur français, à peine modifié par une prononciation où les désinences des mots montent au ciel à la manière du chant de l’alouette… Chez les enfants, cela forme comme un ramage. Il y a aussi dans les tournures de phrases quelque chose d’italien ; ce qui tient sans doute au long séjour qu’ont fait les Médicis et leur suite florentine dans ces contrées, divisées autrefois en apanages royaux et princiers.
Je suis arrivé hier au soir à Compiègne, poursuivant les Bucquoy sous toutes les formes, avec cette obstination lente qui m’est naturelle. Aussi bien les archives de Paris, où je