Page:Nerval - Les Illuminés, Lévy, 1868.djvu/368

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En arrivant à Vérone, ils trouvèrent plusieurs officiers français. M. de Breunel, enseigne, les recommanda à M. de Beaupuis, qui les logea sans s’incommoder, les maisons étant à un grand bon marché. Vis-à-vis de la maison, il y avait un couvent de religieuses qui prièrent Angélique de Longueval d’aller les voir, et lui firent tant de caresses, qu’elle en était confuse.

À cette époque, elle accoucha de son premier enfant, qui fut tenu au baptême par Son Excellence Alluisi Georges et par la comtesse Bevilacqua. Son Excellence, après qu’Angélique de Longueval fut relevée de couches, lui envoyait son carrosse assez souvent.

À un bal donné plus tard, elle étonna toutes les dames de Vérone en dansant avec le général Alluisi, en costume français. Elle ajoute :

« Tous les Français officiers de la République étaient ravis de voir que ce grand général, craint et redouté partout, me faisait tant d’honneur. »

Le général, tout en dansant, ne manquait pas de parlera Angélique de Longueval « à part de son mari. » Il lui disait :

— Qu’attendez-vous en Italie ?… La misère avec lui pour le reste de vos jours. Si vous dites qu’il vous aime, vous ne pouvez croire que je ne fasse plus encore…, moi qui vous achèterai les plus belles perles qui seront ici, et d’abord des cottes de brocart telles qu’il vous plaira. Pensez, mademoiselle, à laisser votre amour pour une personne qui parle pour votre bien et pour vous remettre en bonne grâce de messieurs vos parents.

Cependant, ce général conseillait à La Corbinière de s’engager dans les guerres de l’Allemagne, lui disant qu’il trouverait beaucoup d’avantage à Inspruck, qui n’était qu’à sept journées de Vérone, et que, là, il attraperait une compagnie…