Page:Nerval - Les Illuminés, Lévy, 1868.djvu/406

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Ce dut être un beau jour que celui où une députation, envoyée par l’Assemblée nationale, vint chercher les cendres du philosophe pour les transjiorter au Panthéon. Lorsqu’on parcourt le village, on est étonné de la fraîcheur et de la grâce des petites filles ; avec leurs grands chapeaux de paille, elles ont l’air de Suissesses… Les idées sur l’éducation de l’auteur d’Émile semblent avoir été suivies ; les exercices de force et d’adresse, la danse, les travaux de précision encouragés par des fondations diverses ont donné sans doute à cette jeunesse, la santé, la vigueur et l’intelligence des choses utiles.


Ver.

J’aime beaucoup cette chaussée, dont j’avais conservé un souvenir d’enfance, et qui, passant devant le château, rejoint les deux parties du village, ayant quatre tours basses à ses deux extrémités.

Sylvain me dit :

— Nous avons vu la tombe de Rousseau : il faudrait maintenant gagner Dammartin, où nous trouverons des voitures pour nous mener à Soissons, et, de là, à Longueval. Nous allons nous informer du chemin aux laveuses qui travaillent devant le château.

— Allez tout droit par la route à gauche, nous dirent-elles, ou, également, par la droite… Vous arriverez, soit à Ver, soit à Ève ; vous passerez par Othis et, en deux heures de marche, vous gagnerez Dammartin.

Ces jeunes filles fallacieuses nous firent faire une route bien étrange ; il faut ajouter qu’il pleuvait.

— Les premiers que nous rencontrerons dans le bois, dit Sylvain (avec plus de raison que de français), nous les consulterons encore…

Les premiers furent trois hommes qui se suivaient et remontaient, d’une sente, sur le chemin.

C’était le régisseur de M. Ernest de Girardin, suivi d’un