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présentait une série de fenêtres grillées étagées jusqu’aux combles, et que les grilles formaient naturellement des échelles, sauf les solutions de continuité dues aux intervalles des étages.

Après son interrogatoire, dans lequel il prouva qu’il était non pas l’abbé de la Bourlie, mais l’abbé de Bucquoy, et qu’ayant mis quelque imprudence dans ses conversations, « il était néanmoins en état de se faire appuyer par des gens considérables, » on le surveilla moins et on lui permit de se promener dans les corridors de la prison.

Comme il avait encore quelques louis, le geôlier lui permettait le soir d’aller respirer l’air dans les combles, ce qu’il disait indispensable à sa santé. Dans la journée, il s’amusait à tresser des cordes avec la toile de ses draps et de ses serviettes, et il parvint enfin, sous prétexte de rêverie, à se faire oublier le soir dans le plus haut corridor de la prison.

La porte d’un grenier à forcer, la mansarde à ouvrir, ce n’était rien. Lorsqu’il jeta les yeux sur le quai, il fut effrayé, aux clartés de la lune, de cette quantité de branches garnies de pointes, de chevaux de frise et autres ingrédients qui, dit-il, « formaient un spectacle des plus affreux… car on croyait voir une forêt toute hérissée de fer. »

Cependant, au milieu de la nuit, lorsqu’il n’entendit plus le bruit de la ville ni le passage des patrouilles, l’abbé de Bucquoy, s’aidant des cordes qu’il avait tordues, parvint, en dépit des pointes hérissées sur les grilles, à gagner le quai, qui correspondait à un vaste emplacement qu’on appelait alors la Vallée de Misère.

III

AUTRES ÉVASIONS

Nous n’avons pas donné plus haut tous les détails de l’évasion de l’abbé de Bucquoy du For-l’Évêque, de peur d’inter-