Une inscription charbonnée se lisait au-dessous : « La grande Babylone, mère des impudicités et des abominations de la terre. »
Il est évident que cette inscription avait été formulée par un protestant précédemment captif dans ce lieu. Mais personne depuis ne l’avait effacée.
Sur la cheminée, on distinguait une peinture ovale, représentant la figure de Louis XIV. Une autre main de prisonnier avait inscrit autour de sa tête : Crachoir, et l’on distinguait à peine les traits du souverain effacés par mille outrages.
L’abbé de Bucquoy dit au porte-clefs :
— Ru, pourquoi permet-on ici de pareilles dégradations sur des images respectées ?
Le porte-clefs se prit à rire et répondit que, s’il fallait châtier les crimes des prisonniers, il faudrait rompre et brûler tout le jour, et qu’il valait mieux que des gens d’esprit vissent à quel point l’exagération d’idées pouvait porter des fanatiques.
Les habitants de cette tour jouissaient d’une liberté relative ; ils pouvaient, à certaines heures, se promener dans le jardin du gouverneur, situé dans un des bastions de la forteresse et planté de tilleuls, avec des jeux de boules et des tables où ceux qui avaient de l’argent pouvaient jouer aux cartes et consommer des rafraîchissements. Le gouverneur Bernaville cédait à un cuisinier, moyennant un droit, les bénéfices de cette exploitation.
L’abbé de Bucquoy, qu’on était assuré cette fois de retenir et qui avait fait agir des amis puissants, se trouvait faire partie de ce cercle favorisé. On lui avait fait passer de l’or, ce qui n’est jamais mal reçu dans une prison, et il était parvenu, en perdant quelques louis aux cartes, à se faire un ami de Corbé, le neveu du précédent gouverneur (M. de Saint-Mars), qui conservait encore une haute position sous Bernaville.
Il n’est pas indifférent, peut-être, de dépeindre ce dernier