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SON DERNIER RÔLE
(La scène est à Saint-Denis)

Le voilà mis dans le cavot (sic) ;
C’est donc la fin de son histoire ;
Mais, pour épargner sa mémoire,
La flatte bien qui n’en dit mot.

Il y avait peut-être un peu d’exagération dans cette remarque de l’abbé.

« Vrai roman que son règne, dit-il plus loin, Je le veux, je le puis ! telle était sa devise. — Qu’a-t-il fait ? Rien.

» Que ne peut-on redonner la vie à des milliers d’hommes sacrifiés à ses desseins ! »

C’est à la mère du régent que le comte de Bucquoy adressait ces observations, de son refuge en Hanovre, le 3 avril 1717.

L’abbé de Bucquoy, se trouvant à Hanovre, publia des réflexions sur le décès inopiné du roi de Suède. En faisant considérer la position qu’avaient à maintenir les princes, il écrivit cette phrase : « Quel opprobre et quel reproche sur tous ceux que la Providence plaça sur le chandelier, de n’y figurer pas mieux que sous le boisseau ! » Il ajoutait : « L’âme d’un misérable particulier en un prince me choque étrangement. »

Quant à Sa Majesté Suédoise, il lui reproche d’avoir lu trop jeune Quinte-Curce… « Gardez-vous, ajoute-t-il, d’un homme qui n’a qu’un livre dans sa poche. Déterminé soldat partout, grenadier par excellence, c’était son humeur ; mais les lectures de Quinte-Curce l’ont perdu. De sa gloire de Nerva, réduit à fuir à Pultava, aventurier à Bender, il se fait tuer sans besoin à Fredrichstahl !… »

Voilà à quels raisonnements politiques l’abbé de Bucquoy se livrait à Hanovre vers 1718. Mais, en 1721, il ne se préoccupait plus que des femmes, faisant accessoirement des observations