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LORELY

teur : tiens, je vais te le montrer… qui a fait une immense sensation en Allemagne. Les princes l’ont défondu dans plusieurs royaumes de la confédération. Il est certains pays, je ne puis penser à cela sans frémir… où mon mari serait arrêté et mis dans une forteresse pour toujours !

diana. Marguerite ! mais que dis-tu là ?… ce livre, qui a paru sous le nom de Cornélius, ce livre, j’en ai entendu parler cent fois ; c’est l’œuvre d’un grand écrivain, sais-tu ?… Il contient un projet d’alliance entre tous les petits États de l’Allemagne, qui changera, dit-on, tout l’équilibre de la politique actuelle, et ces articles dont tu parles, de la Gazette germanique, sont de brillants commentaires de la pensée contenue ici.

marguerite. Comment sais-tu ces choses-là, Diana ?

diana. En Angleterre, où j’étais avec mon frère Henri de Valdeck, qui, tu le sais, est de la suite du prince, on s’occupait de politique bien plus qu’ici même. Il fallait bien m’en mêler un peu, pour avoir quelque chose à dire. Une femme aime mieux encore parler politique que se taire… Mais sais-tu que tu es heureuse d’être la femme d’un homme qui sera un jour, qui sait ?… député… conseiller…

marguerite. Ou proscrit.

diana. Chambellan, peut-être… mais il n’est pas noble, je crois ?