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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

rais toute grâce. Mon opposition a été la lutte loyale du faible contre le fort, et la réclamation que je vous adresse n’est pas la mise à prix de ma conscience…

le prince. — Rassurez-vous ; j’ai à vous faire des propositions que vous pouvez entendre ; il ne s’agit pas d’un de ces marchés qui avilissent à la fois celui qui achète et celui qui vend, mais d’un contrat qui doit nous honorer tous les deux.

léo. Je vous écoute, monseigneur.

le prince. Ces principes que vous avez avancés comme citoyen, ces théories que vous avez émises comme publiciste, ne sont-ce point de vains systèmes philosophiques ou de pures utopies sociales, et les croyez-vous applicables vraiment à notre époque et à notre pays ?

léo. Mais… snns doute…

le prince. Parlons sérieusement. Les grands esprits sont dangereux dans la politique usuelle. Ils sont les hommes de l’avenir ou du passé le présent les méconnaît, ou bien il en est méconnu. Ne trouvez-vous pas qu’il est étrange de voir le génie de chaque temps employer constamment sa force à renverser aujourd’hui ce qu’il eût constitué hier, ou ce qu’il refera demain ?

léo. Penser ainsi, n’est-ce pas méconnaître l’éternelle loi du progrès ?

le prince. Ah ! j’aime mieux y croire !… et d’ail-