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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

diégo. Donc, il y a lmit jours, Sa Majesté Max Ier, roi des Renards, tyran des Pinsons[1] et protecteur des associations provinciales, passait avec ton serviteur devant la porte d’un boucher. Le chien royal tu sais que tout étudiant a un chien) se crut endroit de prélever un impôt sur l’étalage du marchand. Le boucher, au lieu de s’en prendre à nous, lance sur le caniche un dogue corse, qui ne lui a donné qu’un coup de dent, mais qui lui a cassé les reins.

le chevalier. Eh bien !

diégo. Eh bien ! tu ne comprends pas !… Nous avons rossé le boucher et ses garçons au moyen des cannes ferrées dont tu vois un échantillon. Les bourgeois sont sortis avec des fusils, des épées… Quelques camarades qui passaient se sont rangés derrière nous… Une bataille superbe ! Deux chiens et trois marchands un peu éreintés, un peu tués !… Voilà toute la ville en révolution… On nous arrête… L’université sort en bon ordre, et nous délivre en démolissant la prison où nous étions, à n’en pas laisser une pierre sur l’autre… L’affaire va devant les juges ; on nous condamne et nous, nous condamnons la ville ! nous l’abandonnons. La ville ne vit presque que de notre séjour, de notre dépense… nous la prenons par la famine… nous nous reti-

  1. Termes usités chez les étudiants pour qualifier les anciens ou les nouveaux.