sur mon cœur ; il y avait si longtemps que nous n’avions eu entre nous une heure pareille.
marguerite. Tu es bien coupable, Léo !… Ah ! sais-tu que j’ai cru un instant que tu avais cessé de m’aimer ; sais-tu que j’ai espéré que je ne t’aimais plus !
léo. Moi, ne plus t’aimer ; moi à qui tu viens de rendre le seul bonheur que j’ai eu depuis six mois : tiens, tous les rêves des hommes sont insensés… il n’y a que l’amour sur la terre, et Dieu dans le ciel !
marguerite. Mais qu’ai-je donc fait pour mériter un pareil bonheur, juste en ce moment, juste à cette heure même ?… Mon Dieu, mon Dieu, je vous remercie ! mon Dieu, vous avez eu pitié de moi ; m’ayant vue faible et chancelante, vous m’avez fendu la main et vous m’avez relevée !… Je suis à toi, Léo… Oh ! je t’aime ! je l’aime !
léo. Écoute ; n’as-tu pas entendu ?…
marguerite. Quoi ?
léo. Une chanson lointaine… un chœur d’étudiants.
marguerite. Qu’importe ?
léo. Il faut que je te quitte, Marguerite.
marguerite. Pour longtemps ?
léo. Pour quelques heures seulement, je l’espère…
marguerite. Où vas-tu ?