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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

le cabinet de Léo ; c’est cela : il est au palais probablement. Quelle étrange chose d’errer ainsi dans une maison inconnue, où l’on peut être surpris à chaque instant et à charpie pas, et cependant de sentir qu’on ne peut s’en arracher !… Oh ! Marguerite ! Marguerite ! il faut que je la voie !… aucun bruit… personne… Le cœur me bat comme si je faisais une action infâme. Si je savais où me cacher… Me cacher ? puis-je attendre ? dans cinq minutes le chœur des étudiants va passer, il m’a semblé l’entendre déjà… (Il s’accoude à la table et machinalement ses yeux tombent sur les papiers.) Mon nom ?… le nom de Flaming ? le nom de Roller : qu’est-ce que cela ? Eh bien, que fais-je donc ? ces papiers, ai-je le droit de les lire ? Je suis entré ici pour dire un dernier adieu à Marguerite, et non pour voler les secrets de son mari !… Mais ce secret, c’est le mien… le mien ? que m’importerait encore ! Mais c’est celui des autres aussi. N’est-ce pas, au contraire, Dieu qui m’a conduit ! qui a empêché qu’elle ne vint pour que je vinsse, moi ? Nos projets de cette nuit… il sait tout. Oh ! mon Dieu, mon Dieu ! ils sont perdus. (Le chœur passe plus près de la maison.) Pas un instant de retard ! qu’ils fuient ! qu’ils se dispersent… Quelqu’un ? (Au moment de sortir, il se trouve face à face avec Marguerite, qui revient du jardin.)