Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
257
SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

pas le dernier des lâches. Eh bien ! souvenez-vous qu’aucun des conspirateurs qui n’étaient pas masqués ne doit être par vous reconnu, livré ni trahi. N’oubliez pas cela ! ce n’est pas une condition de votre fortune, c’est une condition de votre vie ou de la mienne.

le chevalier. C’est bien, vous pouvez compter sur moi. Je rends grâce à Votre Excellence, et j’accomplirai loyalement ses ordres.


II. — LÉO, seul.


léo (seul). Adieu, monsieur, adieu !… Voilà un homme qui ira loin. Et cependant il était arrivé à la moitié de sa vie sans avoir trouvé l’occasion de se mettre en lumière ; il ne lui fallait qu’un tourbillon qui l’attirât dans un système ! un homme de passage, qui le fit briller en s’éteignant !… il l’a trouvé. Qui peut prévoir son avenir ? Moi je n’ai plus tant de courage. Voilà un cercle accompli, et peut-être n’aurai-je pas la volonté d’en recommencer un autre. J’ai détourné sur moi l’orage qui menaçait le prince ; j’ai changé la direction des poignards : comme l’aimant, j’ai attiré le fer ! Le prince n’a rien à me demander de plus, et je ne veux rien lui accorder davantage. J’abandonne tous mes rêves d’autrefois, et toutes mes entreprises d’hier ; je suis las de marcher toujours entre des fous, des corrupteurs et des traî-