Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/302

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La vigne étend ses longues lignes vertes sur les coteaux inférieurs, et de temps en temps les vieilles villes commerçantes du moyen âge sont indiquées par le coup de cloche du bateau.

Près de Bieberich, à droite, j’ai vu le pèlerinage des fidèles du dernier Bourbon légitime. — C’est plus tard, à gauche, Coblentz avec son monument de Hoche, qui appartient au Rhin, comme celui de Kléber, près Strasbourg. La ville est bien une ville d’émigrés, une petite Provence politique comprise dans l’angle que forment le Rhin et la Moselle, sa sœur rivale.

Le vin de Moselle ne se conserve pas dans d’immenses tonnes, comme celles d’Heidelberg et d’autres lieux ; mais certains crus rivalisent avec les meilleurs des coteaux du Rhin, — en exceptant toujours ceux du Johannisberg, lesquels justifient les honneurs que l’on a rendus à la famille de Metternich, dans la cathédrale de Mayence.

La nuit vient. On se lasse peu à peu d’admirer au clair de lune cette double série de montagnes vertes que la brume argente.

La cajute est garnie suffisamment de tabourets en forme d’X. La question pour chaque voyageur est d’en amasser au moins trois avec lesquels on se fait un lit dont l’oreiller est formé par les coussins du divan qui règne autour de la salle. J’ai dormi ainsi à deux pieds d’une charmante comtesse qui ve-