Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/346

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Plus loin, il n’y avait pas à en douter, des théâtres en plein vent, illuminés de lampions et décorés d’affiches monstrueuses, trahissaient les plaisirs d’une fête foraine. J’entrai dans un café pour prendre des informations, puis, à travers le ramage néerlandais du garçon, je finis par comprendre que j’arrivais en pleine kermesse : — la kermesse de La Haye, qui n’a lieu qu’une fois par an ! C’était heureux. — Du reste, pas de journaux français sur les tables, sauf des journaux belges et l’Écho de La Haye, qui n’a qu’une page imprimée des deux côtés. Il paraît que le Journal de La Haye, qui avait pris une certaine importance dans la presse européenne, n’existe plus depuis longtemps ; en revanche, l’Écho annonçait deux théâtres de vaudeville et un théâtre d’opéra français, plus un théâtre allemand et un théâtre flamand, sans compter une foule de cirques et de fantoccini.

Je ne tardai pas à m’engager dans la grande rue formée par les constructions légères de la fête. Le théâtre du Vaudeville jouait les Saltimbanques, celui des Variétés la Dame aux Camélias ; mais est-ce bien la peine d’aller à La Haye pour y retrouver Paris ? La foule augmente, et le bruit se continue au-delà d’une porte noire, bariolée d’affiches, qui est une ancienne porte de la ville, et des deux côtés règne une véritable comédie en plein vent, formulée par les dialogues bizarres de cinq ou six vendeurs de