Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/363

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Trois noms, Ruyter, Vondel et Rembrandt, brillaient partout en or sur les bannières. On m’a traduit les discours prononcés par les autorités. M. Scheltema, savant archiviste, s’est occupé beaucoup de rassembler des documents sur la vie de Rembrandt. Il a rappelé avec bonheur le souvenir d’une fête où, il y a juste deux siècles, le vieux Vondel fut couronné de lauriers par les associations de peintres et de sculpteurs. L’orateur a cherché ensuite à venger le grand artiste de diverses inculpations, qui réellement font du tort à notre pays, dans je ne sais quel article de la biographie Michaud. — Le discours du savant semblait calqué, à l’inverse, sur les arguments de l’inconnu qui a écrit cet article, dont nous ne savons même si nous devons être responsables. « On a accusé Rembrandt, a dit M. Scheltema, d’être avare et crapuleux (schraapzugtig). » M. Scheltema a peut-être un peu trop vengé Rembrandt du reproche d’avoir fréquenté le bas peuple. Nous possédons à la Bibliothèque nationale une collection de gravures qu’il eût été difficile à l’artiste de réaliser sans se mêler un peu à la basse société. Le beau monde était très beau sans doute du temps de Rembrandt, mais les gens en guenilles n’étaient pas à dédaigner pour un peintre. Ne cherchons pas à faire des poëtes et des artistes des gentlemen accomplis et méticuleux. La main qui tient la plume ou le pinceau ne s’accommode des gants paille que quand il le faut