Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/364

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absolument, pour toucher parfois d’autres mains ornées de gants paille, — et des esprits de la force de Rembrandt sont ceux qui, comme les dieux, épurent l’air où ils ont passé.

On s’attendait à revoir le roi au grand bal que donnait la société Arti et Amicitiæ. Il avait fort bien répondu à une allusion imprudente d’un discours municipal touchant le monument de Waterloo. — Ceci, a-t-il répliqué, n’est pas un monument sanglant. — Mais le souverain, un peu fatigué de la journée, avait laissé pour le représenter au bal le prince Henri, qui a seul été salué du chant : Leve het Waderland !… hoezée !

En consultant mes souvenirs de cette journée du 27 mai, je suis encore frappé de l’aspect de toute cette ville en fête, des maisons pavoisées et des fenêtres ornées de guirlandes, du sol jonché de fleurs, et de ces milliers de bannières flottant au vent ou portées en pompe par les sociétés et les corporations. Le soir, tout était illuminé, et les rues qui conduisent du marché au musée étaient particulièrement sablées et parées de verdure. Les tableaux du prince de la peinture hollandaise étaient éclairés a giorno, et la Ronde nocturne surtout était encore admirée avec délices : il aurait fallu peut-être faire venir de La Haye la Leçon d’anatomie ; — mais le Parc, véritable centre de cette solennité, nous gardait d’autres merveilles et d’autres hommages ren-