Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/37

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font jouer leurs crampons de ter d’une manière inquiétante.

De la dernière plate-forme, le panorama qui se déroule est fort beau ; d’un côté les Vosges, de l’autre les montagnes de la forêt Noire, les unes et les autres boisées de chênes et de pins ; le Rhin dans un cours de vingt lieues, les premières masses touffues de la forêt des Ardennes, et puis un damier de plaines les plus vertes et les plus fraîches du monde, où serpente Tille, petite rivière qui traverse deux fois Strasbourg. À vos pieds, la ville répand inégalement ses masses de maisons dans l’enceinte régulière de ses fossés et de ses murs. L’aspect est monotone et ne rappelle nullement les villes de Flandre, dont les maisons peintes, sculptées et quelquefois dorées, dentellent l’horizon avec une fantaisie tout orientale. Les grands carrés des casernes, des arsenaux et des places principales, jettent seuls un peu de variété dans ces fouillis de toits revêtus d’une brique terreuse et troués presque tous de trois ou qiuttrc étages de lucarnes. On ne rencontre d’ailleurs aucune ville remarquable sur cette immense étendue de pays ; mais comme il y a dans les belvéders quelque chose qu’on n’aperçoit jamais que quand le temps est très pur, le cicérone prétend qu’on peut voir à de certains beaux jours le vieux château de Baden sur sa montagne de pins.

À Fourvières, de même, on prétend qu’il est pos-