Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/55

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chambre, ainsi débarrassée, toutes les richesses de la famille : deux miroirs, des flambeaux de plaqué, une timbale, une gravure de Napoléon, un petit Jésus en cire orné de clinquant sous un verre, des pots de fleurs, une table à ouvrage, et un châle rouge pour parer le lit.

Voyant tout ce remue-ménage, je pris décidément mon parti, je me confiai à Dieu et à la fortune, et je dormis profondément dans ce lit qui était fort dur et d’une propreté médiocre sous toutes ces magnificences.

Le lendemain, je demandai mon compte sans oser déjeuner. On m’apporta une carte fort bien rédigée par articles, dont le total était de 2 florins (près de 2 francs 50 centimes). L’hôte fut bien étonné quand je tirai ma bourse, ou plutôt mes 20 kreutzers. Je ne voulus pas discuter, et les offris au garçon pour m’accompagner jusqu’à Baden. Là, grâce à mon bagage, l’hôte du Soleil prit assez de confiance en moi pour acquitter ma dette, et, huit jours après, ayant vécu fort bien chez ce brave homme, toujours sur la foi du même bagage, je reçus enfin de Francfort tout l’argent de la lettre de change, cette fois par les packwagen (messageries), et en beaux frédérics d’or collés sur une carte avec de la cire. Ceci me parut valoir beaucoup mieux que le papier de commerce qui m’avait été adressé d’abord, et mon hôte fut du même avis[1].

  1. Nous avons cru devoir conserver une partie du chapitre sui-