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IV. La maison de conversation

Mais reprenons la description de Baden-Baden, interrompue par cet épisode trop véridique.

La route est droite comme un chemin de fer dans la singulière contrée que nous traversons ; tout est montagne ou plat pays ; point de collines ou d’accidents de terrain. Les prés sont magnifiques ; les chemins vicinaux, bordés d’arbres fruitiers, ont de quoi exciter l’enthousiasme du général Bugeaud. De temps en temps, nous suivons le Rhin qui serpente à gauche, et, vers le milieu du voyage, le fort Louis nous apparaît à l’horizon. La route traverse plusieurs villages assez laids. Puis, nous nous rapprochons enfin de ces montagnes violettes qui semblent si voisines quand on les regarde du haut des remparts de Strasbourg. Ce sont les vraies montagnes de la Forêt-Noire, et pourtant leur aspect n’a rien de bien effrayant. Mais quand apercevrons-nous Baden, cette ville d’hôtelleries, assise au flanc d’une montagne que ses maisons gravissent peu à peu comme un troupeau à qui l’herbe manque dans la plaine ? Son amphithéâtre célèbre de riches bâtiments ne nous apparaîtra-t-il pas avant l’arrivée ? Non ; nous ne verrons rien de Baden avant d’y entrer. Une longue allée de peupliers d’Italie ferme, ainsi qu’un ri-

    vant qui a déjà paru comme citation dans les Excursions sur les bords du Rhin, d’Alexandre Dumas.