Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/81

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premier mouvement de répugnance, on nous répondit qu’en Allemagne les exécuteurs n’étaient pas précisément entourés du même préjugé que chez nous. Le bourreau est ordinairement, dit-on, d’une famille noble déchue. Dans les cérémonies du siècle passé, il marchait à la suite du cortège de la noblesse, et en tête, par conséquent, de celui des bourgeois. En outre, il est tenu d’avoir pris le grade de docteur en chirurgie. C’est donc une sorte de médecin, qui coupe la tête comme les autres couperaient une jambe : peut-on dire que ses opérations aient seules le privilège de donner la mort ?

C’était au bout de la ville d’Heidelberg, riante et brumeuse, encaissée par les montagnes, baignée par le Necker, pleine d’étudiants, de cafés et de brasseries, avec son beau château de la Renaissance à demi-ruiné. Quel dommage ! un château de Touraine dans une forteresse de Souabe ! Mais la description sera pour une autre fois : au bout de la ville, dis-je, la dernière maison, à gauche… Comme tout cela est allemand et romantique ! et tout cela est vrai pourtant… C’est la maison du docteur Widmann, c’est la sienne.

VIII. Une visite au bourreau de Manheim.

Nous n’étions pas sans émotions en touchant le marteau de ce logis d’une apparence particulièrement propre et gaie. Des enfants de la ville s’as-