Page:Nerval - Napoléon et la France guerrière, 1826.djvu/29

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Qui cachait ton âme de feu :
Lui seul peut prononcer l’éloge ou l’anathème. —
Quand sur les rois détruits tu régnais, dieu toi-même,
Songeais-tu qu’il était un Dieu ?

Maintenant tu frémis, et ta vue incertaine
Sonde l’éternité ;
Et ton œil, égaré dans la céleste plaine,
Pénètre avec horreur dans son immensité.
Ne crains rien : notre Dieu, c’est un Dieu qui pardonne,
La clémence qui l’environne,
Et son éternelle bonté,
Sont sa plus brillante couronne,
Le plus bel attribut de sa divinité.

Il te pardonnera ; qu’importe que sur terre
Il t’ait vu consumer un temps si précieux,
À ramasser en tas quelque peu de poussière…
Que le souffle du Nord fit voler dans tes yeux.

La mort vient : — Et semblable à la mourante flamme,
Dans ton cœur défaillant tu sens trembler ton âme,
Et tes cils, tout chargés du long sommeil des morts,
Vacillent sur tes yeux, s’abaissent ; tu t’endors ! —