Page:Nerval - Petits Châteaux de Bohême, 1853.djvu/65

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gneur Marcelli. Et ce cavalier si avantageux… le connaissez-vous ?

MARCELLI. — C’est à moi justement qu’il a fait des confidences…

FABIO, se montrant. — Vous vous trompez, seigneur, c’est vous qui me faisiez les vôtres… Madame, il est inutile d’aller plus loin ; je suis décidé à ne point supporter un pareil manége de coquetterie. Le seigneur Marcelli peut vous reconduire chez vous, puisque vous lui avez donné le bras ; mais ensuite, qu’il se souvienne bien que je l’attends, moi.

MARCELLI. — Écoutez, mon cher, tâchez, dans cette affaire-ci, de n’être que ridicule.

FABIO. — Ridicule, dites-vous ?

MARCELLI. — Je le dis. S’il vous plaît de faire du bruit, attendez que le jour se lève ; je ne me bats pas sous les lanternes, et je ne me soucie point de me faire arrêter par la garde de nuit.

CORILLA. — Cet homme est fou ; ne le voyez-vous pas ? Éloignons-nous.

FABIO. — Ah ! madame ! il suffit… ne brisez pas entièrement cette belle image que je portais pure et sainte au fond de mon cœur.