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DRUSES ET MARONITES.

Babel ruinée. Beit-Eddin, l’antique résidence des émirs de la montagne, occupe un autre pic qui semble toucher celui-là, mais qu’une vallée profonde en sépare. Si, de Deïr-Khamar, vous regardez Beit-Eddin, vous croyez voir un château de fée ; ses arcades ogivales, ses terrasses hardies, ses colonnades, ses pavillons et ses tourelles offrent un mélange de tous les styles plus éblouissant comme masse que satisfaisant dans les détails. Ce palais est bien le symbole de la politique des émirs qui l’habitaient. Il est païen par ses colonnes et ses peintures, chrétien par ses tours et ses ogives, musulman par ses dômes et ses kiosques ; il contient le temple, l’église et la mosquée, enchevêtrés dans ses constructions. À la fois palais, donjon et sérail, il ne lui reste plus aujourd’hui qu’une portion habitée : la prison.

C’est là qu’on avait provisoirement logé le cheik Eschérazy, heureux du moins de n’être plus sous la main d’une justice étrangère. Dormir sous les voûtes du vieux palais de ses princes, c’était un adoucissement sans doute ; on lui avait permis de garder près de lui sa fille, autre faveur qu’il n’avait pu obtenir à Beyrouth. Toutefois le kaïmakam, étant responsable du prisonnier ou de la dette, le faisait garder étroitement.




J’obtins la permission de visiter le cheik, comme je l’avais fait à Beyrouth ; ayant pris un logement à Deïr-Khamar, je n’avais à traverser que la vallée intermédiaire pour gagner l’immense terrasse du palais, d’où, parmi les cimes des montagnes, on voit au loin resplendir un pan bleu de mer. Les galeries sonores, les salles désertes, naguère pleines de pages, d’esclaves et de soldats, me faisaient penser à ces châteaux de Walter Scott que la chute des Stuarts a dépouillés de leurs splendeurs royales. La majesté des scènes de la nature ne parlait pas moins hautement à mon esprit… Je sentis qu’il fallait franchement m’expliquer avec le cheik et ne pas lui dissimuler les raisons que j’avais eues de chercher à lui être utile. Rien