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Page:Nettement - Études critiques sur le feuilleton-roman, 1re série, 1847.djvu/21

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L^JTRODUCTION. 3

journal à 40 ou 48 francs , il fallait donc avoir beaucoup d’annonces ; pour avoir beaucoup d’annonces , il fallait avoir beaucoup d’abonnés ; pour avoir beaucoup d’abonnés , il fallait trouver une amorce qui s’adressât à toutes les opinions à la fois, et qui substituât un intérêt de curiosité générale à l’intérêt politique qui groupait naguère ceux qui adhéraient au symbole d’un journal autour de leur drapeau. C’est ainsi qu’en partant de la presse à 40 francs, et en passant par l’annonce, on arrive presque fatalement au feuilleton-roman ou au feuilleton immoral, deux mots pour la même idée, si on en juge par la plupart des feuilles qui tiennent le baut bout dans le journalisme actuel. On comprend que ces nouvelles conditions d’existence ont non-seulement altéré d’une manière très-marquée la dignité de la presse périodique, mais ont ôté aux journaux la franchise de leurs allures et la netteté de leur ligne. Gomme, au fond, il fallait que le drapeau devînt une enseigne (|ui attirât le plus grand nombre possible de chalands , on a terni l’écusson pour qu’on n’en vît pas d’une manière trop claire les couleurs, et l’on a élevé des autels à l’équivoque, contre laquelle Boileau décochait une satire.

Dans une occasion récente, une feuille à l’apparition de laquelle le souvenir de la mort de Carrel, douloureux symbole de la révolution qui allait s’opérer dans la presse, est tristement attaché, a laissé voir d’une manière assez comique le vice de cette situalion. L’abonnement un peu nomade de cette feuille puise à trois sources différentes : les conservateurs, les