Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/103

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rature cette partie de l’art d’écrire, qui consiste à rappeler les règles du goût, à en invoquer l’application, à en observer les infractions et à s’en plaindre, à réprimer autant qu’il lui est possible le désordre des idées et les irrégularités du style, et qui, s’élevant même à de plus hautes considérations et saisissant le lien qui unit souvent les vérités littéraires aux vérités morales et à toutes les idées d’ordre, de raison et de convenance, agrandit sa sphère, donne à ses observations et plus d’étendue et plus d’importance, n’a jamais exercé une plus heureuse influence et un plus utile empire qu’au commencement du siècle que nous parcourons. À cette époque, toutes les fausses doctrines en philosophie, en morale, en politique, en littérature, longtemps proclamées, régnaient audacieusement sur les esprits ignorants ou subjugués. Le vrai seul dans tous les genres n’avait plus ou presque plus d’interprètes ni de défenseurs, et la vérité eut alors un attrait qu’elle n’a pas toujours, celui de la nouveauté ; ce fut un grand avantage pour la critique, et elle en profita. Parlant à une génération nouvelle qui, pendant la tourmente révolutionnaire, n’avait rien appris ou avait tout oublié, elle put tout lui dire, chargée pour ainsi dire de lui tout apprendre : tantôt répéter, tantôt réfuter ce qui avait été dit, juger ce qui avait été jugé, rétablir toutes les doctrines, revenir sur tous les anciens écrivains et sur toutes les littératures, et mêler à ces questions pleines d’intérêt des discussions plus graves encore. C’est ainsi qu’elle devint, plus que dans tous