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actes de dignité et d’indépendance relative[1]. L’empereur ne s’y trompa pas, et se sentit atteint par ces coups frappés d’une main gantée de velours.

Les vues de l’empereur et celles de M. de Fontanes sur l’éducation ne pouvaient pas être les mêmes ; tout ce qui précède sert à en expliquer les raisons. Fontanes et ses amis désiraient, avant tout, que l’éducation fût religieuse, sociale et fortement littéraire ; l’empereur était très-disposé à lui laisser donner ces caractères, pourvu qu’elle fût, avant tout, bonapartiste ; c’était, à ses yeux, l’intérêt prépondérant. Il existe, sur la manière dont il entendait qu’on écrivît l’histoire de France, une note à laquelle il n’y a rien de comparable, si ce n’est la note écrite à M. Fiévée pour lui expliquer la manière dont l’empereur entend les droits et les devoirs des journaux. La pensée de cette note[2], c’est qu’il faut que l’histoire de France soit

  1. Voici la phrase de Fontanes au corps législatif :

    « Les paroles dont l’empereur accompagne l’envoi de ses trophées méritent une attention particulière ; il fait participer à cet honneur les colléges électoraux, et nous l’en remercions. Plus le corps législatif se confondra dans le peuple, plus il aura de véritable lustre ; il n’a pas besoin de distinction, mais d’estime et de confiance. Oui, sans doute, il aime à reconnaître qu’il n’est qu’une émanation des colléges électoraux répandus dans les cent huit départements de ce vaste empire. Il est fier d’en sortir et d’y rentrer, puisqu’il peut offrir en leur nom, sans aucun intérêt pour lui-même, l’hommage de trente millions d’hommes au souverain le plus digne de les gouverner. »

  2. Nous empruntons cette note à la notice publiée par M. de Sainte-Beuve, en tête des œuvres de Fontanes. Voici comment