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des sens, car l’intelligence n’en vient pas. C’est avec d’autres mots la même pensée que celle de saint Thomas d’Aquin, sur l’intellect agissant[1] qui, à l’aide d’une force dont il a été doué par Dieu, forme des idées générales qui ne sont pas contenues dans les sensations. La perception succédant à la sensation et précédant le jugement, est une opération de cette intelligence qui, selon Leibnitz, n’est pas contenue dans la sensation, et de l’intellect agissant des scolastiques. Après avoir ainsi, dans la première année, initié ses auditeurs à la doctrine de Reid, avoir analysé lui-même, dans ta seconde année, devant eux, le grand fait de la perception, M. Royer-Collard, au commencement de sa troisième année, fit comparaître, devant un public devenu juge compétent dans cette matière si religieusement étudiée, toutes les opinions des philosophes modernes sur cette question, à partir de Descartes jusqu’à Condillac. La méthode philosophique qui devait prévaloir dans les temps qui suivirent se trouvait ainsi créée : d’abord l’observation attentive des faits pris en eux-mêmes, ensuite et subsidiairement la confrontation des opinions antérieurement émises avec cette observation, c’est-à-dire le contrôle continuel de la théorie par la pratique.

Le sujet qu’avait choisi M. Royer-Collard était éminemment propre à l’application de cette méthode d’observation. Lorsque nos sens s’ouvrent sur le monde

  1. Intellectus agens.